Un premier, match exceptionnel, une avance de 4 buts…
puis une 2e match… jusqu’à la 88e minute avec Barcelone 3 et PSG 1…
puis un retournement de situation, avec 3 buts en 8 minutes, qui qualifie le club catalan…
Que s’est-il passé?
le PSG a-t-il flanché mentalement?
Tous les spécialistes le disent, ils ont joué trop bas, repliés sur leurs buts, timorés, incapables d’enchainer quelques passes, subissant la pression d’un Barca, qui n’était pas transcendant par ailleurs…
nous avons assisté à un changement de momentum …
qu’est ce que c’est?
Le momentum, une notion qui associe le « moment » et « dynamisme ».
Il y a la notion d’ « impulsion » et l’avantage d’un « ascendant ».
Voyons sa création et l’enchainement du momentum…
Le processus
1- l’ «événement déclenchant» (« precipitating event »), c’est la création du momentum (momentum starter) comme un point gagnant ou une faute directe en tennis… un but en football (hier le coup franc de Neymar).
Cet événement, point perdu ou point gagnant, sera perçu et interprété par les deux joueurs (ou les deux équipes)….
L’effet que cet événement a sur chaque athlète varie en fonction de sa propre perception de la situation de jeu, et va entrainer des changements affectifs (des sentiments positifs ou négatifs) au niveau d’auto-efficacité pour contrôler la situation, de sa confiance en soi et aussi physiologiques comme sa motivation.
Les 2 batteries Mentale et Emotionnelle sont activées par l’événement.
Un évènement a lieu (point gagné ou point perdu, et la manière dont il été gagné ou perdu) et chaque joueur va réagir dans sa tête à l’événement
le but de Neymar est un catalyseur … Il est l’élément déclenchant….
2- cet événement entraîne des «changements dans la cognition, la physiologie et l’affect» (« changes in cognition, physiology, and affect. »).
En fonction de l’athlète, sa confiance de base déterminera à quel point il réagit aux événements, au point d’avoir des changements physiologiques comme la rigidité et la panique dans les situations négatives ou un sentiment d’énergie renouvelée après les événements positifs.
Les 2 batteries Mentale et Emotionnelle sont réagissent et activent la batterie physique
Chaque joueur va avoir un comportement associé à sa réaction à l’évènement.
l’équipe du PSG, comme un seul homme, va se déliter… Blocage physique… qui les empêche de se rendre disponible, qui les empêche de faire des passes, qui les font être en retard sur les actions, ou qui les empêchent de suivre les marquages…
plus de mouvement, plus de dynamisme…
3- un «changement de comportement» (« change in behavior ») vient de toutes ces perceptions internes.
Les personnes extérieures sont en mesure de voir des changements réels dans le style de jeu des joueurs.
Chaque joueur est affecté et cela est traduit dans un comportement qui change.
nous voyons bien ce comportement déclenché… il y a une équipe qui joue (même si le but est encore loin, avec 2 buts à marquer en quelques minutes… ils jouent… ) et l’autre équipe qui se fige (pas de « fight », être dans le combat, le PSG est dans le « flight », la fuite …
4- ce changement de comportement provoque un «changement de performance. » (« change in performance. »).
Le momentum est l’exception, il n’a pas été la norme pendant un match.
Sans cet événement déclenchant, il n’aurait pas du y avoir des changements de momentum perceptibles… mais ce but, enchainé par une attitude et un comportement des joueurs catalans et joueurs parisiens au même moment, a créé un bascule dans le rythme du match…
Le comportement de chaque joueur provoque un changement de performance
Le comportement de chaque équipe provoque un changement de performance
a ce point là, tout aurait pu rentrer dans l’ordre et revenir à la situation initiale, mais les 2 équipes ont continué à évoluer dans leurs euphorie pour l’une et dans leur torpeur pour l’autre…
comme dans tous les sports de face à face, le momentum est une voie à double sens et a besoin d’un «changement contigu et opposé pour l’adversaire. » (contiguous and opposing change for the opponent. » ).
Pour que le momentum existe, le MOP doit être visible chez les 2 joueurs. (en positif et en négatif)
Si, après un point gagné, le joueur A est en position de momentum favorable mais si au même instant, le joueur B ne ressent pas un momentum négatif égal, alors l’équilibre du jeu devrait rester le même.
Ce n’est que lorsque l’équilibre du momentum se déplace de l’un vers l’autre, de A en positif vers B en négatif, qu’il y a changement.
Pour le PSG, nous voyons bien qu’il bascule dans un négatif, avec des joueurs qui se regardent, qui ne sont la passivité… perdu sur le terrain..
Là , à ce moment, les niveaux d’expérience des athlètes aident à gérer ces moments critiques en atténuant ses effets. Les athlètes expérimentés sont mieux en mesure d’initier, de maintenir et d’interrompre séquences-momentum en raison de leurs connaissances et expériences accumulées.
Ils savent souvent gérer les hauts et les bas, mieux que les novices inexpérimentés.
le PSG auraient du avoir des joueurs qui savent quoi faire, qui gèrent la situation, qui amène de la sérénité dans la tourmente…
aucun n’a eu cette influence positive… un coach de basket aurait demandé un temps mort… le coach de foot est cantonné à son petit jardin, si loin de l’action… seuls les joueurs sont en mesure d’agir…
5-Enfin, si à la fin de la chaîne, le momentum existe, il devrait y avoir un changement de résultat.
Et il y a eu…
reprenons pour un sport individuel:
Lorsque la pression d’un événement déclenchant se produit contre un joueur, il peut commencer à perdre confiance et commencer à sur-analyser leur propre performance et leurs compétences.
La pression provoquée par un événement négatif peut le faire sortir de ce mode «automatique» … A ce moment-là, il peut arrêter de jouer son jeu qu’il a joué jusqu’ à présent. Et il peut passer d’un état d’esprit offensif à un état d’esprit défensif, par exemple, ou le contraire. Il va se concentrer trop sur le résultat, et il lui sera difficile de jouer librement. Il va être plus tendu, il sera de plus en plus inquiet sur les conséquences et ce qui va se passer, au lieu d’être concentré sur ce qu’il doit faire, içi et maintenant.
Ses batteries Mentale, Emotionnelle et physique sont passées au rouge… Il est en état de stress, dit-on….
Pour l’autre, il rentre dans « la zone »… avec un état mental calme et tranquille, une faible inquiétude, une grande énergie, des sensations positives et optimistes, un plaisir et un amusement à jouer, un jeu sans effort, une action instinctive et automatique, un esprit vif et alerte, une sensation de grand contrôle, en étant présent et concentré sur sa tâche…
C’est le «Big Mo», la «Hot Hand», le «In The Zone», the « Flow », c’est cet état mental atteint par une personne lorsqu’elle est complètement immergée dans ce qu’elle fait, dans un état maximal de concentration.
Il y a dans cet état une dimension irréel, presque mystique(« la victoire de la foi », dira Luis Enrique)
Elle est en état de maitrise (et contrôle de l’activité), elle est consciente du temps (centrée sur le temps présent), elle connait son ego (absence de préoccupation de soi), elle est dans le bien être (extase – ce que l’on vit est une récompense en soi)
Elle éprouve alors un sentiment d’engagement total et de réussite.
Comme Jeff Greenwald l’écrit dans son article, Riding the Wave of Momentum,
« The reason momentum is so powerful is because of the heightened sense of confidence it gives us — the most important aspect of peak performance.
There is a term in sport psychology known as self-efficacy, which is simply a player’s belief in his/her ability to perform a specific task or shot.
Typically, a player’s success depends on this efficacy.
During a momentum shift, self-efficacy is very high and players have immediate proof their ability matches the challenge. As stated earlier, they then experience subsequent increases in energy and motivation, and gain a feeling of control. In addition, during a positive momentum shift, a player’s self-image also changes. He/she feels invincible and this takes the « performer a » to a higher level. »
« La raison pour lequel le momentum est si puissant se trouve dans la sensibilité accrue de confiance qu’elle nous donne – l’aspect le plus important de la haute performance.
Il y a un terme dans la psychologie du sport connu sous le nom de l’auto-efficacité, qui est tout simplement la croyance d’un joueur dans sa capacité à effectuer une tâche ou un mouvement spécifique.
Typiquement, le succès d’un joueur dépend de cette efficacité.
Lors d’un changement de momentum, l’auto-efficacité est très élevée et les joueurs ont la preuve immédiate que leur capacité correspond au défi. Comme indiqué précédemment, ils ressentent ensuite des amplifications au niveau de leur d’énergie et de leur motivation et obtiennent un sentiment de contrôle. De plus, lors d’un changement de momentum positif, l’image de soi d’un joueur change également. Il / elle se sent invincible et cela va élever la « personnalité du joueur » à un niveau supérieur. »
Et les changements de comportements combinés et opposés des 2 joueurs provoquent un changement de résultat
le MOP a existé hier au Camp Nou…
le Momentum Psychologique a existé… et l’enjeu était mental …
(Australian Open 2017, Federer- Nadal en finale)
Qu’avez-vous pensé quand vous avez été mené au cinquième set?
Roger Federer répond: « Je me suis dit: « joue librement ». J’en avais discuté avec Ivan (Ljubicic) et Séverin (Luthi, ses entraîneurs) avant le match.
Il fallait jouer la balle et pas l’adversaire.
Les audacieux sont récompensés.
Qu’au moins si je perde ce soit en jouant de nouveau un tennis offensif.
J’ai continué à me battre et à y croire.
C’est ça qui m’a fait jouer mon meilleur tennis à la fin du match, ce qui m’a un peu surpris. »
Il y a avait un peu de Federer dans ce Barca, là…
Idées smart
Solution pour la prochaine fois…
Action 1 : s’interroger sur l’événement déclenchant.
Connaître ses points de fragilité. …
admettre la peur qui pointe son nez… cela arrive, et c’est OK, à condition de l’admettre et passer aux solutions…
Action 2 : proposer des solutions adaptées sur le plan physique.
Posture (position du corps, des épaules, de la tête, des yeux, de la bouche, des mains et des pieds) : plus d’enracinement des pieds dans le sol, montrer de la neutralité avec le physique (rien donner à l’autre), bouger et changer de position (je suis maitre de mon espace)
Langage : phrases types à trouver, avec ton calme et serein, Focus sur la respiration. (je suis maitre du mon temps)
Respiration : prendre son temps, respirer deux fois avant de parler, sentir l’aller-retour des phases d’expiration et d’inspiration, de la légèreté, de la fluidité…(je suis maitre de mon corps)
Jeu tactique :ne pas donner le bâton pour se faire battre, garder sa ligne directrice, son ADN… (je suis maitre de mon jeu)
le Barca l’a fait… l’ADN du PSG est-il encore en travaux?
pour finir, rappelons l’important dans le sport.. c’est la fin…
Le correct flow d’un compétition est comme courir un 1500 m :
partir confiant à votre vitesse de croisière (confort zone), accélérer progressivement et en garder assez pour la fin de course.
Le dernier point compte. La dernière seconde compte…
Le PSG l’a-t-il oublié hier?
En sport : Gagner c’est contrôler le momentum et créer un Momentumpsychologique, si votre adversaire vous le permet..
En sport, gagner un point n’est jamais plus important que contrôler le momentun.
Le momentum change lors de situations de crise (problèmes d’équipement, faute d’arbitrage, pause, blessures, mon effondrement mental… ou encore la qualité de l’adversaire)
Dans le tennis par exemple, avant le début du point, regrouper ses pensées et décider et imposer ce que vous voulez pendant ce point.
Les points de l’adversaire et ses propres erreurs ne doivent pas être un frein à exécuter votre propre plan de jeu, et vous empêcher d’être agressif.
L’enjeu est de rester dans le match jusqu’à ce que le momentum change entre votre faveur
Etre conscient des « points lâchés » gagnants ou perdants de votre adversaire. C’est le signe d’un manque de concentration ou d’une confiance qui se dégrade.