Article intéressant dans l’Equipe d’aujourd’hui de Karim Ben Ismail sur la formation des jeunes All Blacks.
Pour assurer la relève, comment l’équipe de Nouvelle Zélande prépare leurs « jeunes pousses ». « Chez les All Blacks, on a le sens de l’ensemencement…. » (article en fin de post)
Dans cet article, on souligne l’importance de l’approche mentale…
« En Nouvelle Zélande, on a identifié ce secteur du mental comme une priorité. »
Concrètement, les générations se transmettent un soutien moral, des détails techniques, une approche mentale…
« En Nouvelle Zélande, on a identifié ce secteur du mental comme une priorité. »
Par exemple ?
« Quand tu es un jeune talonneur et que tu rates un lancer important en touche. Les pensées négatives vont te polluer l’esprit pendant cinq à dix minutes. Il faut l’avoir vécu souvent, comme moi, pour parvenir à prendre le dessus. »
Mille techniques se transmettent pour se laver l’esprit des pensées négatives :
«Respirer profondément, fixer un point dans le stade…
Brad Thorne (deuxième-ligne all black champion du monde 2011) grattait le sol avec ses crampons pour se remettre les pieds sur terre.
Tout dépend de ce qui fonctionne pour soi.»
Comme pour ce jeune étudiant que j’ai accompagné, et qui expliquait l’impact de ce travail sur lui même, sur le rapport au temps et au stress qui en découlait…
Avant c’était:
« Le temps est un ennemi ; car je ne peux pas tout faire…. je passe sous stress avec des tendances à l’impatience et à la précipitation« .
Par exemple, quand il butait sur un problème, sur lequel il pensait passer trop de temps, il avait tendance à se déconcentrer, et il pouvait faire des erreurs même sur des sujets qu’il maitrisait pourtant bien habituellement.
Après:
Poser son stylo symbolisait l’efficacité de son nouveau comportement « Lors de mes réunions sur un sujet très dur, j’ai paniqué et j’ai réussi à poser mon stylo, à faire une respiration à me calmer et grâce à cela j’ai retrouvé mon calme, mes capacités et le résultat a été à la hauteur de mes espérances alors qu’avant, j’étais en panique totale à un moment donné pendant la réunion… »
Respirer…
Fixer un point dans la stade…
Gratter ses crampons….
Poser un stylo….
Tout cela semble si simple…
mais il s’agit de « trouver ce qui fonctionne pour soi »
et c’est là, qu’un accompagnement prépare à trouver le geste, concret, bon, utile et personnel, qui va faire la différence…
savoir où produire votre changement qui va faire toute la différence.
où savoir donner le coup de marteau? (histoire métaphorique pédagogique, entendue dans la formation CT de Transformance par Vincent Lenhardt)
On raconte une histoire très ancienne au sujet d’un chaudronnier.
On l’avait embauché pour qu’il répare le système de chaudières d’un énorme navire à vapeur. Il écouta l’ingénieur lui décrire les problèmes, lui posa quelques questions, puis il se rendit à la chambre des chaudières. Il jeta un coup d’oeil sur l’amoncellement de tuyaux; il écouta le cognement de la chaudière et les sifflements de la machine à vapeur pendant quelques minutes, puis il passa les mains sur quelques tuyaux. Il se mit à chantonner tout doucement, mit la main dans sa poche et en sortit un petit marteau; il frappa un seul coup sur une valve rouge vif et tout le système de chaudières commença à fonctionner à la perfection. Le chaudronnier retourna chez lui.
Lorsqu’il reçut une facture l’enjoignant de verser 1000$ au chaudronnier, le capitaine du navire se mit en colère et se plaignit que le chaudronnier avait passé au plus une quinzaine de minutes dans la chambre des chaudières. Il demanda donc au chaudronnier de lui envoyer un compte détaillé. Ce que fit le chaudronnnier :
– Donner un coup de marteau : 0,50$
– Déterminer l’endroit où frapper : 999,50$
– Total : 1000,00$
d’après Paul Watzlawick, Ecole de Palo Alto
Article de Karim Ben Ismail l’Equipe du 24 Septembre 2015
LONDRES - Chez les All Blacks, on a le sens de l’ensemencement.
La culture rurale et le bon sens paysan qui imprègnent l’âme néozélandaise n’y sont pas étrangers. Sur le terrain du stade Olympique, ce soir, le brassard de capitaine sera porté par le jeune troisièmeligne Sam Cane (23 ans, 25 sél.). À la mêlée et à l’ouverture, le sélectionneur Steve Hansen fera confiance à TJ Perenara (23 ans, 16 sél.) et Beauden Barrett (24 ans, 31 sél.). Enfin, au poste de talonneur, Codie Taylor (24 ans, 3 sél.) connaîtra son grand baptême du feu. Tous les quatre se sont côtoyés chez les Baby Blacks, champions du monde des moins de 20 ans en 2011.
Cette année-là, les « grands » All Blacks remportaient la Coupe du monde de rugby. Mais plutôt que de baigner dans l’autosatisfaction, la Fédération néozélandaise identifiait, déjà, les manques à venir. Notamment au poste de talonneur avec les retraites internationales d’Andrew Hore, Corey Flynn et l’âge avancé de Keven Mealamu. Derrière ces trentenaires, pas grand monde. « Dans les équipes de Super Rugby, les titulaires à ce poste étaient tous aussi un peu âgés. La Fédération m’a demandé de prolonger, confie Corey Flynn, le talonneur du Stade Toulousain, mais il était temps pour moi et les miens de vivre une autre expérience, en France.»
La Fédération néo-zélandaise a alors incité ses cinq franchises qui évoluent dans le Super 15 (Chiefs, Highlanders, Crusaders, Hurricanes et Blues) à donner à leurs jeunes du temps de jeu pour s’aguerrir et progresser. « Un groupe de jeunes talonneurs de 20-21 ans a été identifié, se souvient Flynn. Pas encore mûrs pour le haut niveau, mais qu’il fallait aider à grandir. »
SAVOIR PARTAGÉ
Ces jeunes pousses furent conviées à chaque regroupement des All Blacks pour partager entraînements et vie de groupe. Codie Taylor, titulaire ce soir, est de ceux-là. Mais plus encore que le soutien de sa fédération, il a reçu celui de sa franchise (les Crusaders) et des anciens du club tels que Corey Flynn, qui, bien que désormais toulousain, continue d’assister son cadet via Internet. « Cette culture de transmission est très prégnante chez les Crusaders, explique le joueur toulousain. On a intégré que le maillot que l’on porte doit vivre plus longtemps que sa carrière personnelle. Partager le savoir en est la condition.»
Depuis que Codie Taylor et Ben Funnell, un autre talonneur (25 ans), sont arrivés gamin chez les Crusaders, Corey Flynn les a pris sous son aile. « J’avais connu ça moi-même en arrivant chez les Crusaders. Mark Hammett (29 sél. chez les All Blacks entre 1999 et 2003) et Matt Sexton (talonneur de la franchise de 1996 à 2001) m’avaient donné tout ce que j’avais besoin de savoir. Les anciens donnent, les jeunes gardent ce qui leur convient. L’essentiel est que les gars sachent qu’on reste disponibles pour eux. C’est aussi valorisant quand on a arrêté sa carrière, on a le sentiment d’être toujours utile. »
Concrètement, les générations se transmettent un soutien moral, des détails techniques, une approche mentale… « En NouvelleZélande, on a identifié ce secteur du mental comme une priorité. » Par exemple ? « Quand tu es un jeune talonneur et que tu rates un lancer important en touche. Les pensées négatives vont te polluer l’esprit pendant cinq à dix minutes. Il faut l’avoir vécu souvent, comme moi, pour parvenir à prendre le dessus. » Mille techniques se transmettent pour se laver l’esprit des pensées négatives : «Respirer profondément, fixer un point dans le stade… Brad Thorne (deuxième-ligne all black champion du monde 2011) grattait le sol avec ses crampons pour se remettre les pieds sur terre. Tout dépend de ce qui fonctionne pour soi.»
L’essentiel reste que le savoir all black ne se disperse pas. Codie Taylor en sait quelque chose : son arrière-arrière-grand-père Walter Pringle jouait déjà chez les All Blacks en 1893. Il était le 30e All Black. Codie, lui, porte le matricule 1 143.