Parole de coach : « travailler son revers slicé »- Frédéric Fontang
Qui sait mieux que Frédéric Fontang la difficulté à intégrer un coup dans la panoplie d’un joueur de tennis. Lui qui a fait évoluer son jeu en tant que joueur, d’un jeu fondé sur une condition physique infaillible, et sur un jeu de défense sans faute, le palois 59e mondial a changé progressivement pour être avoir un jeu plus complet, en prenant plus de risque. Un titre sur un tournoi ATP est venu récompenser son évolution.
Passant entraineur, il avait compris que la barrière vis à vis des meilleurs se faisaient par un jeu mieux construit sur des phases agressives et sur l’attaque. Avec une évolution progressive des coups de construction visant à libérer un jeu d’attaque.
Il y a déjà plusieurs années, il s’était confié sur les intégrations nécessaires au jeu de haut niveau dans la panoplie d’un jeune joueur.
En particulier, sur le revers slicé, un coup beaucoup travaillé par Frédéric avec Jérémy Chardy lors de ses 11 années de travail.
– içi fin 2009
« Je me suis beaucoup penché sur les utilisations tactique du revers slicé avec Jeremy.
Voici quelques éléments que je voudrais partager avec vous.
Nous avons travaillé en particulier, dans les situations de défense :
Mais le shop(ou slice) peut être utilisé de plusieurs façons :
comme un coup défensif lorsque le joueur est pris de vitesse en déplacement côté revers.
Là, il est important de garder une intention de longueur afin de se donner du temps pour le replacement
Si l’adversaire est au filet, alors il est plus efficace de « glisser » une balle courte dans les pieds de l’adversaire afin de l’obliger à jouer une volée sous le filet
En neutralisation dans l’échange :
le revers coupé permet de changer de rythme ; il devient utile pour varier le jeu lorsque l’adversaire est plus à l’aise en cadence ou face à un joueur qui manque « de main » (de toucher) pour s’adapter à un changement d’effet.
En coup de construction :
Le shop peut faire partie d’un schéma de jeu offensif comme le fait très souvent Roger Federer, Il l’utilise comme une arme « constructive » pour obliger son adversaire à rentrer dans le court et relever la balle, ce qui lui donne le temps de décaler en coup droit et frapper une balle à la bonne hauteur pour lâcher son accélération.
Enfin il peut être un coup d’attaque :
Rarement utilisé par les joueurs actuels, c’était un coup important en attaque dans les années 90, avec les modèles d’Edberg, de Becker et Mac Enroe, grâce à la dextérité des ses génies, le revers shopé se transformait coup d’approche pour s’installer au filet (sur une balle courte dans l’échange ou sur 2e balle de service adverse)
Avec une vitesse supérieur de jeu, des frappes dès les coups d’entame avec les service et les retours très puissants et précis, les joueurs actuels en sont moins friands. Ils viennent essentiellement au filet pour poser une volée après une grosse frappe.
De nos jours, nous assistons à une lutte de fond de court, avec des joueurs qui jouent essentiellement en cadence à plat ou légèrement lifté.
Je pense néanmoins que pour un joueur de haut niveau le revers coupé est une arme à avoir dans son arsenal de coups car il est une réponse à l’uniformisation des styles de jeu.
Comme je l’ai fait avec Jeremy Chardy, son apprentissage technique est à intégrer dans la formation du joueur afin que ce dernier, au fil des matches l’assimile dans son jeu et construit progressivement des schémas tactiques performant.
Ce travail d’intégration du coup, comme le revers slicé, ce n’est pas juste du déclaratif… c’est un travail long de plusieurs années, et qui doit être remis à l’ouvrage chaque jour… pas toujours devant les caméras ou sous les micros… et avec l’attitude positive d’un joueur nécessaire , mais souvent en recherche directe de résultat … »