Retour sur Roger Federer et son commentaire sur l’absence suffisant de contrôle.

« Le Matin » avait lancé le débat… décryptage d’une envie de lever les doutes.

Roger Federer s’était plaint, dans Le Matin, de ne pas subir suffisamment de contrôles antidopage.

«Je ne comprends pas. Je jouais bien, j’étais en forme, et personne n’a jugé utile de vérifier que c’était normal (il devait se faire contrôler après son succès à Indian Wells, ndlr). Idem à Dubaï et à Rotterdam : j’ai tout gagné et je n’ai subi aucun contrôle. Je ne dis pas que mes performances étaient suspectes, mais un sport qui aspire à une réputation irréprochable devrait au moins contrôler ses vainqueurs, tous ses vainqueurs, sans exception. Je ne connais pas d’autres moyens de dissiper le doute» a-t-il insisté. Andy Murray fait le même constat. « J’ai le sentiment d’être moins testé qu’il y a six, sept ou huit ans », avait dit Roger Federer. « J’ignore pour quelles raisons. Andy Murray a dit, je crois, qu’on n’avait pas assez de contrôles sanguins et je suis d’accord avec lui. Il est vital que le sport reste propre, il doit l’être. Nous avons une bonne réputation en la matière et nous voulons nous assurer que cela reste comme cela. »

Rappel pour le tests et Federer, l’homme aux 17 victoires en Grand Chelem, c’est au moins  sept contrôle antidopage en compétition en 2010 mais seulement « entre quatre et six » l’an passé. Et cette année, pas plus semble t’il…

Sur le site RTF.fr, un article fait part de ces statistiques sur les contrôles, et les commentaires de Jo-Wilfried Tsonga et Richard Gasquet .

« Selon les statistiques consultables sur le site internet de la Fédération Internationale de tennis (FIT), les autorités antidopage ont procédé en 2010 à 72 contrôles sanguins en compétition chez les hommes – uniquement lors des tournois du Grand Chelem -, et à 58 en 2011, plus 18 hors compétition.

Ces tests restent négligeables rapportés au nombre de contrôles urinaires – 988 en 2010 et 1.023 en 2011 en compétition. Ils le sont encore plus en comparaison à d’autres sports comme le cyclisme, pourtant décrié avec la multiplication des cas de dopage. En 2011, l’Union cycliste internationale a fait procéder à 3.314 contrôles sanguins hors compétition…

Richard Gasquet évoque, lui, le problème à la lueur de l’affaire Lance Armstrong, l’ancien cycliste texan qui a été suspendu à vie et privé de ses sept victoires dans le Tour de France pour dopage. « C’est anormal qu’un mec, certainement dopé, ait traversé 500 contrôles sans être déclaré positif« , a-t-il dit. « Il faut faire des contrôles sanguins, pas uniquement d’urine. Je suis prêt à faire tous les tests qu’il faut, à condition de progresser dans ce domaine, parce que les tricheurs ont vraiment de l’avance. J’ai eu très rarement des contrôles sanguins, deux ou trois, pas plus. »

Jo-Wilfried Tsonga prône également des tests plus poussés. « Bien sûr que je regrette qu’il n’y ait pas plus de contrôles sanguins« , dit-il. « Quand je vois les déclarations de certaines personnes après leur carrière… Je ne cherche pas à rentrer dans le débat. J’ai l’impression qu’on ne saura jamais. » »

 

En effet, selon les déclarations d’anciens champions (Mc Enroe, Agassi, Becker, Noah…) ou les quelques athlètes pris par la patrouille en fin de carrière (Hingis, Wilander, Novacek, Korda…) et de ‘second couteaux’ moins connus, (Truyol,  Canas, Chela, …et le dernier de la liste Kutrovsky,…) et parmi eux, même un finaliste de Roland Garros tout de même (Puerta), ce sport n’a pas été exempt de tentations de prise de “drogues”* …Bien sûr, jamais pour améliorer les performances, disent-ils, ou par erreur…  mais tout de même …  il y a tous les ingrédients pour cela :

  • De l’argent, beaucoup, pour les premiers, « Il faut être réaliste… Avec tout cet argent engagé dans notre sport – 1,9 million de dollars pour le vainqueur de l’US Open -, les gens vont forcément chercher un moyen de gagner plus facilement. » déclare à l’US Open 2012 James Blake
  • Un sport individuel, où il est plus facile  de faire discrètement ses petits arrangements avec la loi,
  • Un sport qui mêle endurance et puissance, avec un physique qui doit être de plus en plus irréprochable,
  • des matches qui se suivent sur périodes très courtes, tous les 1 ou 2 jours, avec une récupération de plus en plus importante à gérer,
  • Un calendrier démentiel avec sa longue saison épuisante, renouvelée chaque année, sans baisse de régime,
  • Avec beaucoup de voyages et une adaptation du corps au décalage horaire, et une fatigue qui s’accumule…
  • Et un sport qui, semble t’il, n’est pas trop regardant quant aux pratiques dopantes… ou plus exactement, son organisation dirigeante semble peu enclin à suivre de très prêt les performances de ses champions… peu de tests, peu de communication sur ce sujet…. Et des faits : la dernière suspension d’un joueur du top 50 remonte à 2005, avec le Slovaque Karol Beck. La dernière grande joueuse contrôlée positive est Martina Hingis, à la cocaïne, à la fin de sa seconde carrière (2007)…

Tout va bien dans le « Bulle Tennis »… alors vraiment, le dopage n’est-il pas possible au tennis?

Et pourquoi le dopage ne le serait pas, présent, dans le tennis… parce que il n’y a pas de «culture dopage» ? Possible… mais revenons sur les données physique, et la possibilité d’avoir recours à une aide extérieure artificielle, qui pourrait être utile… Pour le professeur Michel Rieu, président du conseil scientifique de l’agence française antidopage (AFLD), « tous les produits servent à quelque chose dans le tennis mais pas au même moment ».

« Les trois volets qui constituent le dopage sont interpellés. Les stimulants, tous, peuvent jouer un rôle important. Ça recule le seuil de fatigue donc ça permet d’accroître la charge de travail.

Le deuxième aspect, c’est accroître la force musculaire : anabolisants stéroïdiens et clenbutérol. Les stéroïdes sont faciles à détecter mais pour cela il faut des contrôles inopinés en dehors des tournois, lors des longues périodes d’entraînement, l’hiver surtout.

Le troisième type, ce sont les substances qui vont augmenter la capacité aérobie, accroître la capacité de transport d’oxygène par le sang. Il faut une endurance importante, facilitée par l’utilisation d’EPO ou d’autotransfusion. »

 

Il serait donc bon pour tout le monde, les joueurs, les spectateurs, les sponsors,  et la morale de ce sport, que le dopage soit plus pris au sérieux, et que les autorités prennent plus de décisions visant à chasser les tricheurs…. Et surtout pour enlever de la tête à tout le monde que ce sport a souvent protégé ses intérêts commerciaux et médiatiques, avec l’utilisation de  « suspensions internes », privilégiant de nettoyer en interne son linge sale …

Affaire à suivre.

*  source http://www.dopage.info/categorie-843596.html
Voici une liste quasi exhaustive des joueurs de tennis pris par la patrouille ou qui ont avoué. Dans cette liste on peut ajouter André Agassi qui a reconnu avoir pris de la méthamphétamine.
. Karol Beck – Clenbuterol – 2006
. Alex Bogomolov Jr. – Salbutamol – 2005
. Guillermo Cañas – Hydrochlorothiazide – 2005
. Juan Ignacio Chela – Metil-testosterone – 2000
. Guillermo Coria – Nandrolone – 2001 mais blanchi
. Lourdes Domínguez Lino – Cocaine – 2002
. Anthony Dupuis – Salbutamol – 2006
. Martina Hingis – Cocaine – 2007
. Mariano Hood – Finasteride – 2005
. Andres Gimeno – Téstostérone – 1959 – aveux
. Sesil Karatantcheva – Nandrolone – 2005
. Petr Korda – Nandrolone – 1998
. Stefan Koubek – Glucocorticoïdes – 2004
. Svetlana Kuznetsova – Ephédrine – 2004 mais blanchie
. Simon Larose – Cocaine – 2004
. Larissa Neiland – Caféine – 1999
. Karel Novacek – Cocaine – 1995
. John McEnroe – Stéroides – aveux
. Mariano Puerta – Etilefrine, clenbuterol – 2003
. Greg Rusedski – Nandrolone – 2003 mais blanchi
. Bohdan Ulihrach – Nandrolone – 2003 mais blanchi
. Samantha Reeves – Nandrolone – 1997
. Ignacio Truyol – Stéroides – 1996
. Filippo Volandri – Salbutamol – 2009 mais blanchi
. Mats Wilander – Cocaine – 1995

A propos jacques hervet

A unique culture A worldwide Sports top level experience combined with a corporate experience. With the profound conviction in « accompanying an athlete, is helping him to manage himself alone »
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