Un élément peu connu de la vie d’un sportif professionnel.
Un élément important contre la lutte contre le dopage.
Un élément contraignant pour le sportif .
Dans votre entreprise, comment pourriez-vous réagir, si on exigeait de vous, de devoir donner votre emploi du temps pour les 365 jours de l’année ? Jours de travail, jour de repos, vacances… vous vous sentirez « fliqué » ? Une forme d’inquisition, diriez-vous ? C’est très sérieux pour les sportifs, car ils peuvent perdre leur métier…
On peut se légitimement se sentir « pisté » mais c’est juste une loi pour les sportifs. Une loi de Juste, reconnue par le conseil d’Etat « proportionnelle aux fins de santé publique et de protection de l’équité des compétitions ».
32000 sportifs dans le monde et en France un groupe cible de 450 sportifs français sont soumis à ces contrôles inopinés (pendant et hors compétition). Pour ce faire, ils ont dans l’obligation de se soumettre à la localisation…
Cela veut dire quoi ?
On doit savoir où se trouve l’athlète.
- 365 jours
- 1 heure par jour
- Entre 6 heures et 21 heures
- N’importe où dans le monde
Pour que les organisations antidopage puissent planifier des contrôles en envoyant un médecin qui va faire les prélèvements…
C’est l’obligation de localisation pour le sportif. Souvent perçue comme une contrainte stressante, car 3 manquements en 18 mois (la non transmission dans les délais des informations, la transmission d’informations insuffisamment précises ou actualisées, l’absence du sportif lors du contrôle), et il peut encourir une sanction de suspension de son sport, de 3 mois à 2 ans…
La procédure ?
Utiliser un logiciel, la base de données ADAMS. (Anti Doping Administration Management System). Chaque trimestre, le sportif doit remplir un questionnaire, c’est « entrer son agenda », sa localisation (1 heure par jour), c’est à dire, il doit écrire où il sera (le lieu), à quelle moment (l’heure), en précisant avec détails les moyens de le rencontrer (exemple code d’entrée de l’immeuble).
Il doit valider toutes les informations et reçoit une confirmation par mail de la prise en compte des ses informations…
Pas simple, n’est ce pas ? Savoir où l’on sera dans 2 mois exactement entre 17h et 18 heures…
Alors le sportif peut modifier ses données, changer par exemple l’heure et le lieu, mais il ne peut le faire que jusqu’à 17h la veille. Exceptionnellement, il peut les actualiser jusqu’à une minute avant l’heure prévue…
Alors une contrainte pour vous ? Cela devient même un stress, quand par inadvertance vous avez un manquement, et à 2 manquements, cela devient une angoisse permanente… la peur d’oublier, une négligence de ne bien remplir, de ne pas avoir internet, ne pas être joignable…
Pendant 2 ans, vous devez être très responsable… sinon ? Vivre des moments cruels dans la vie d’un sportif… l’arrêt de son sport, être suspecté de dopage et de tricheur, être coupé de ses ressources financières (bourses fédérales), … les témoignages de certains sont éloquents, ceux du judoka Jean Sébastien Bonvoisin, suspendu 9 mois, du volleyeur Nicolas Maréchal, suspendu 6 mois, ou encore du rugbyman Yoann Huget, suspendu 3 mois à ce jour…* et qui vient de rater une coupe du Monde de rugby…
Souvent on qualifie le manquement comme « négligence de jeunesse », car ce suivi n’a pas assez été pris au sérieux par les intéressés. Il devient mieux compris et respecté … la peur du gendarme fait effet !
Maintenant, beaucoup se font aider pour être irréprochables. Exemple de Sébastien Loeb, déchargé par son équipe qui s’occupe de tout. Les cyclistes sont les plus informés et conscient du danger d’être négligent avec ADAMS… « Cela fait partie de notre vie, et aujourd’hui, cela reste le meilleur moyen de lutter contre le dopage » confie David Millar, ancien suspendu, et coureur repenti qui fait désormais partie du comité de l’AMA (Agence Mondiale Antidopage).
A quand en entreprise, ce système … ?
*source l’excellent article du journal l’Equipe du mercredi 2 Novembre, p14 et 15. De Sophie Tutkovics