Le trois-quarts centre Sonny Bill Williams (26 ans, 1,91 m, 110 kg, 8 sélections) a bouleversé les codes techniques du rugby. Mais il est loin de faire l’unanimité. Ses détracteurs sont nombreux :

http://www.lequipe.fr/Rugby/breves2011/20110921_021523_sonny-bill-le-malaime.html

Sur le terrain : «J’espère qu’il va faire évoluer son jeu. Parce qu’il va à l’encontre des principes du rugby, insistait Pieter de Villiers, le sélectionneur des Springboks, en juin dernier. Ses passes du revers de la main ne sont pas académiques. C’est un mauvais exemple. Maintenant, tout le monde veut faire ce genre d’absurdités au lieu de travailler les choses vraiment importantes de ce jeu.» . Adepte de passes après contact, il favorise la vitesse dans le jeu, mais aussi il offre des possibilités d’interception pour l’équipe adverse, avec ces prises de risque de passes peu orthodoxes… et sa défense approximative, aussi semble t’il…

En dehors du terrain : passionné de boxe, « ce sport m’a ôté toute appréhension au niveau des contacts », il est parvenu à imposer sa passion à sa Fédération en obtenant un passe-droit. Une faveur pas vraiment appréciée des supporters.

Poursuivi par les groupies, il est la cible d’un « trop plein d’image people » dans un monde du rugby qui privilégie le groupe et l’humilité. . un Chabal bis au pays du Long Nuage Blanc?

Un agent Khoder Nasser, controversé, un peu trop parleur et perçu comme arrogant, cette image détient sur son joueur… SBW a aggravé son cas après être rentré en conflit avec sa fédération pour litige sur du sponsoring et sa requête de voir son contrat avec la NZRU revalorisé…

Et pourtant, nous l’avions rencontrés cet hiver à Hanmer Springs, quelques jours après le tremblement de terre ; Une personne simple.

https://jacqueshervet.com/2011/04/14/sbw-–-sonny-bill-williams-portrait-d’un-champion-“different”/

Dur d’être un non conformiste.

« Une individualité ne peut pas être la star au rugby, la star c’est l’équipe. » dit on. «  Se fondre dans le collectif » «  ne pas mettre en péril le groupe par des prises de risque individuelles » « jouer simple en respectant le jeu »…

Mais on peut aussi voir SBW, comme l’australien Quade Cooper, faire évoluer le jeu du rugby … avec un jeu à risque qui permet d’aller plus vite et de prolonger les actions.

C’est toujours difficile face aux codes sociaux et aux organisations qui inhibent trop souvent l’expression de façons de faire différentes.

Ils ont une façon de jouer différente… et progressivement, peut être, ont-ils permis d’affirmer leur différence, d’envisager des solutions différemment, et de prendre des risques et de faire face à l’adversité sociale rugbystique. Et de jouer pour les deux plus grandes nations du rugby: la Nouvelle Zélande et l’Australie.

J’imagine que ce n’est pas que pour eux qu’ils prennent ces risques, mais pour l’idée qu’ils ont du rugby, un jeu avec des passes et des actions rapides et spectaculaires…et j’aime à penser qu’ils jouent de cette façon pour mieux jouer et gagner de surcroit… ils gagnent au moins  l’envie du public à venir les voir jouer.

SBW comme Cooper, c’est du « leadership créateur »,

• Prendre des initiatives
• Challenger le statu quo
• Proposer des façons différentes d’analyser et de solutionner des problèmes
• Implanter des pratiques nouvelles
• Prendre des risques
• Développer une vision nouvelle et mobilisatrice pour une collectivité
• S’opposer au « groupthink »

« Il faut prendre des risques pour réussir. Pour gagner il faut parfois se démarquer des autres.»    Loïc Peyron. (Europe 1 – 8h50 lundi 24 Novembre 2008)