« Ne pas se fixer de limite mais se fixer des objectifs » avait il dit après le championnat d’Europe et ses deux titres …

Aujourd’hui j’ai l’impression que l’essentiel serait plus dans l’action de  « ne pas se fixer d’objectifs  mais se fixer des limites».

Il court, Christophe Lemaitre, mais sans véritable préparation « aucune séance d’entrainement sérieuse, juste un peu de mise en action et de vitesse »dit son entraineur Pierre Carraz …. Attention aux blessures ?

 

Avec sa connaissance intime de l’athlète qu’il entraine, Pierre Carraz n’est pas surpris par les résultats de Christophe Lemaitre.

Il le connait bien, et il confirme l’état de fatigue de son élève « il est au bout du rouleau ». Même si « il ne lâche rien, il court avec sa hargne » mais…cela suffit-il à haut niveau ?…

Et comme le rappelle David Rudisha, nouveau recordman du monde du 800 mètres en 1’41’01… « Ces deux records sont le fruit de tout ce travail…et j’ai surtout hâte de me remettre au travail pour préparer la saison prochaine».

Le travail !… le socle de tout résultat.

Car maintenant, on se trouve de plus en plus conditionné pour avoir des résultats et des gratifications immédiates liés à cette culture « microwave » décrit par Rick Pitino dans Rebounds Rules.  

« La règle des 10 ans » est essentielle à suivre, toutes ces années d’efforts dévolus à son sport avant de pourvoir récolter le succès poursuivi… et refuser de s’arrêter sur une supériorité quand il y a encore de la place pour s’améliorer … pour poursuivre le processus du « Good to Great », de poursuivre l’ascension du bon vers le meilleur… Pierre Carraz nous  rappelle que Christophe Lemaitre n’est qu’un jeune athlète, qui arrive sur le circuit des « pros de la course » et qu’il faudra « attendre un ou deux ans pour connaitre son potentiel ».

 

Et rappelez vous des conseils des anciens, là encore précieux :

Marie-Josée Perec : « Le plus gros écueil qui se profile, c’est qu’il va être l’objet de toutes les sollicitations, notamment de la part des coaches qui vont le démarcher…il faudra qu’il garde la tête bien froide par rapport à ça, qu’il reste dans son cocon, avec un coach qui lui convient parfaitement » …

Roger Bambuck: « son seul ennemi serait l’impatience »…

 

Dans la lignée de travail de Fréderic Fontang avec Jeremy Chardy en tennis, Pierre Carraz s’est engagé quand il découvre un « tel phénomène » de 14 ans. Plus de 10 ans sont passés, sûrement beaucoup de travail, et un succès s’est dégagé de cette rencontre à deux, faite de progrès progressifs et avec la sagesse du travail bien fait. « Tous les deux, nous y avons toujours cru, sans nous fixer de barrières… »

 

Pierre Carraz est aussi conscient du caractère fragile de ces accompagnement d’athlètes, « le haut niveau n’est plus ce qu’il était. Les athlètes y sont souvent capricieux » mais croit en lui pour « accompagner Christophe jusqu’aux jeux de Londres »

Comme Jeremy et Fréderic par ailleurs.

 

 

Le mot de la fin à Christophe Lemaitre, qui semble conscient de son statut de jeune athlète humble et ambitieux à la fois. J’ai aimé ce rappel de Christophe Lemaitre qui répond à la question de L’Equipe.fr (doc AFP)

– Avez-vous le sentiment d’avoir franchi un nouveau cap vers les sommets ?

– « Non, je ne suis pas encore au top niveau international. Il me faut encore deux ou trois ans d’entraînement et d’expérience … et quand je vois mon temps, je n’exprime ma joie plus que cela. Je suis content du record mais je finis quatrième alors je ne peux pas exploser de joie »

 

 

Gagneur et ouvert à apprendre… alors ne serait’ il bon d’écouter l’entraineur ?… du repos et du travail ?

Et de nouveau « Ne pas se fixer de limite mais se fixer des objectifs »